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choix du lieu de la scène. Le poète le place tour à tour en Grèce, à Rome, en Orient, en Amérique, en Arabie, en Chine.

Quel changement avec le XVIIe siècle ! Quel contraste entre la muse casanière de nos maîtres, se circonscrivant dans les limites du monde antique, et les allures vagabondes de cette voyageuse ! Elle marche à la découverte de tous les pays inconnus. Elle s’assied sur tous les trônes. Elle fait connaissance avec toutes les races. Elle soumet les quatre parties du monde à l’empire de l’imagination. Ajoutons que son imagination ne fait pas seule ce voyage de découverte ; une autre exploratrice l’y a précédée, l’étude de l’histoire. Chez Voltaire, l’historien éclaire, inspire, guide le poète. Son théâtre est souvent la mise en action de l’Essai sur les mœurs des nations.

Passons à l’examen des pièces elles-mêmes. Toutes les sept ont un second caractère commun : la nouveauté, l’invention. Pas une qui ne soit un pas en avant dans le domaine de l’art. Pas une qui ne marque une étape dans quelque route inexplorée. L’originalité porte tantôt sur l’idée de la pièce, tantôt sur tel ou tel personnage, tantôt sur quelque nouveau principe