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L’amour n’a joué qu’un rôle secondaire dans la vie de Vauvenargues ; où en trouver cependant une plus délicate définition que celle-ci ?

« Quand un jeune homme ingénu aime pour la première fois, tous ceux qui le connaissent se ressentent de son bonheur ; il tend la main à ceux qui ont voulu lui nuire, il donne, il pardonne, il réconcilie : son amour devient pour lui toutes les vertus. »

Cette dernière ligne ne semble-t-elle pas l’écho de ce vers d’un des plus beaux sonnets de Michel-Ange : « L’amour est l’aile que Dieu donne à l’homme pour monter jusqu’à lui. »

C’est que Vauvenargues n’était pas seulement moraliste, il était poète.

En voici une preuve bien frappante. Tout le monde connaît ces deux pensées : « Les premiers jours du printemps ont moins de grâce que la vertu naissante d’un jeune homme. »

Et encore :

« Les rayons de l’aurore sont moins doux que les premiers regards de la gloire. »

Eh bien, le croirait-on ? Voltaire voulait les biffer comme trop poétiques. Qu’aurait-il donc dit de celles-ci, publiées depuis lui ?... « La vue d’un animal malade, le gémissement d’un cerf poursuivi dans les bois par les chasseurs,