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de lumière. C’était, de la part de Vauvenargues, une éloquence pleine de charme et de force, une virile liberté de penser, qui n’avait rien de commun avec les vaines adulations du monde. Pour connaître Vauvenargues, ajoute-t-il, il ne suffisait pas de le lire, il fallait l’entendre. Il tenait nos âmes dans sa main. » Ce mot si expressif ne jette-t-il pas un jour singulier sur la puissance d’ascendant de Vauvenargues ? Ne nous reporte-t-il pas à son influence sur ses camarades de régiment ? Sur les jeunes gens de noblesse de la ville d’Aix ? Marmontel ajoute : « J’ai toujours regretté que l’auteur de Zaïre n’ait pas légué à la postérité le souvenir vivant de ces conversations, n’ait pas fait pour Vauvenargues ce que Xénophon et Platon ont fait pour Socrate. » Platon ! Xénophon ! Socrate ! Socrate, le précepteur d’Athènes ! Socrate qui régna pendant quarante ans sur ce peuple, rien qu’en se promenant dans la rue et en causant. Rapprocher le nom de Vauvenargues d’un tel nom ! Quelle action avait donc la parole de ce jeune homme ?

Deux traits significatifs vont nous faire faire un pas de plus dans l’explication de ce mystère.

L’amour des lettres, le désir de s’y faire un nom, n’amenèrent pas seuls Vauvenargues à