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marquis, de plus vieille race que le sire de Clapiers, le marquis de Mirabeau, le célèbre père du grand Mirabeau. Compagnon d’armes de Vauvenargues, son ami intime, son confident, il se prend d’enthousiasme pour ses œuvres, et, à son tour, il se met bravement en travers du veto paternel. Il déclare qu’il vaut mieux déroger à son titre qu’à son génie, et pousse ardemment Vauvenargues, non seulement dans la carrière littéraire, mais à Paris. « N’enfouissez pas ici, lui écrit-il, les plus beaux dons du monde ! Des gens du goût le plus sûr, à qui j’ai montré ce que vous écrivez, en ajoutant que vous n’aviez pas vingt-cinq ans, se sont écriés : « Quels hommes produit cette Provence ! » Si vous ne vous reconnaissez pas le plus grand génie, je vous connais mieux que vous. »

Vauvenargues part : il arrive à Paris, il voit Voltaire, il se mêle à toute la société littéraire. Quelle figure y fait-il ? Quelle place y prend-il ?

Les mémoires de Marmontel nous offrent là-dessus un renseignement précieux. C’est le récit d’une conversation, à laquelle il a assisté, entre Vauvenargues et Voltaire.

« C’était, dit-il, de la part de Voltaire une abondance intarissable de faits intéressants et de trait