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avait fait cette découverte ? M. Gilbert lui-même. Tout autre que M. Gilbert se serait peut-être complu dans la satisfaction de son succès, mais il se sentait une dette vis-à-vis du public qui l’avait cru de confiance. Il tenait à la payer. Quelques jours donc après la séance de l’Académie, il part pour la Provence à la recherche de tout ce qui pouvait rester de Vauvenargues. Pendant plusieurs mois, il interroge les bibliothèques, il consulte les collections privées, il fouille dans les études de notaires, et, après ce long travail, il revient à Paris avec la matière de tout un volume nouveau, il en compose une édition définitive et il complète ainsi la gloire du grand homme qu’il avait deviné. C’est ce Vauvenargues vu de face dont je vais essayer de reconstituer la figure, à l’aide du discours de M. Gilbert, du volume inédit et de mes impressions personnelles.


II

Vauvenargues n’était pas né marquis. Son père s’appelait le sire de Clapiers. Petit gentilhomme, mais de bonne race, un grand service public, un acte de courage éclatant le désignèrent à l’attention du souverain, qui le créa marquis, mais en le laissant pauvre.