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âmes fières, hautes, un peu hautaines si l’on veut, qui peuvent laisser parfois échapper leur secret, mais qui ne le livrent pas. Le fond de leur âme leur appartient toujours. Si Vauvenargues a caché son ambition, c’est que cette ambition a toujours été pour lui une déception et une blessure, une blessure dont son orgueil souffrait trop pour qu’il la laissât voir. En outre, ajoutai-je, remarquez que l’auteur ne produit pas son opinion comme absolue, il ne prétend pas l’appuyer sur des preuves positives ; il la donne seulement comme une conviction, née en lui, d’une étude approfondie de l’œuvre de Vauvenargues.

Cette réponse, sans convaincre absolument la commission, lui parut suffisante pour justifier la présentation du n° 17, comme très digne de concourir au prix ; je fus chargé de le lire à l’Académie.

La séance fut assez mouvementée. La lecture finie, un des membres les plus considérés de la compagnie, M. Cousin, décida nettement que, quel que fût le mérite de ce discours, il regardait comme impossible de lui donner le prix. On ne couronne pas une hypothèse. Sans doute, l’interprétation est ingénieuse, la supposition séduisante, mais où sont les preuves ?