Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée

était, sinon injuste, du moins absolument incomplète.

« Que Vauvenargues, disait-il, ait été le plus infortuné des hommes, rien de plus vrai, mais le plus tranquille ? non. Vauvenargues est un passionné, un impétueux, un ambitieux, non pas ambitieux d’honneurs, de places ou d’argent, mais ambitieux d’agir, ambitieux de se produire, parce qu’il se sent fait pour les plus hauts emplois. »

Cette assertion me parut si originale et si intéressante que je n’hésitai pas à demander à la commission de présenter le n° 17 à l’Académie, en premier rang, pour concourir au prix.

La chose n’alla pas de soi.

Il est bien difficile d’accepter, dit un des membres de la commission, qu’un homme aussi fin que Voltaire, et dont la finesse dans cette circonstance était encore aiguisée par une profonde sympathie, n’eût pas vu dans Vauvenargues ce que l’auteur du discours croit y voir. A quoi je répondis, en m’appuyant sur le discours même, que, si Voltaire ne l’avait pas vu, c’est que Vauvenargues le lui avait caché.

« Vauvenargues, dis-je, était une de ces