Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/151

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’une voix inspirée qu’il commande à Josabeth de tout préparer pour le couronnement de Joas ; c’est d’une voix souveraine qu’il ordonne à ses lévites de le suivre ; c’est d’un geste impérieux qu’il les entraîne électrisés comme lui, au fond du temple, leur découvre un immense amas de lances et d’épées consacrées à Dieu par David, et qu’il leur distribue lui-même ces saintes armes ! Le prophète et le grand prêtre font place à l’homme de combat, ou plutôt tous trois ne font qu’un, et cette triple personnalité si puissante, cette alliance de la tragédie et du lyrisme allant jusqu’à l’épopée, font d’Athalie une œuvre d’art qui n’a son analogue sur aucun théâtre. Son trait le plus particulier est peut-être de nous offrir dans Joad une figure de Michel-Ange, et dans Joas une figure de Raphaël.

Notre double étude est terminée. Quelle est la conclusion ? Qu’une de ces grandes écoles d’art est supérieure à l’autre ? Non. Elles se valent par leurs différences mêmes. Plus de vérité, plus de simplicité, plus de variété dans la première ; plus de science et plus de passion dans la seconde. Le siècle de Louis XIV est, je le crois, dans l’art tragique, l’égal du