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La prophétie commence.

Ce qui la caractérise, c’est qu’elle embrasse un double avenir ! C’est qu’elle met en scène les deux plus grands événements de l’Écriture Sainte : la destruction du Temple de Jérusalem et l’avènement de la Religion nouvelle. Pour peindre la première, le poète ne se sert que d’expressions empruntées aux prophètes. Leurs paroles les plus enflammées, leurs images les plus hardies, leurs métaphores les plus étincelantes passent sous sa plume et éclatent dans ses vers, comme autant de traits de lumière et de traits de feu ! Ce n’est pas Racine, c’est Ézéchiel, c’est Élie, c’est Jérémie, c’est Jonas, c’est Daniel que nous entendons.

Quel changement dans la seconde partie ! Ici, c’est le chrétien qui parle, c’est-à-dire Racine lui-même. Le charme et la douceur évangéliques coulent à pleins flots de ses lèvres. Dans des vers qui n’appartiennent qu’à lui, dans un langage que personne n’avait encore parlé, il nous fait assister à la naissance, au développement, à l’épanouissement, au triomphe de la religion chrétienne.

La prophétie achevée, la scène ne l’est pas encore ; Joad redescend sur la terre, mais tout frémissant de l’enthousiasme céleste ! C’est