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sous sa plume ! Tout ce qu’il a emprunté à Sénèque l’est devenu ; tout ce qu’il a créé égale ce qu’il a imité. Phèdre est un chef-d’œuvre formé de trois chefs-d’œuvre.


Esther et Athalie

Racine doit au Théâtre grec autre chose encore que ces trois tragédies, il leur doit une de ses plus pures gloires, l’avènement du lyrisme dans la tragédie. Nous nous bornerons donc dans Esther et Athalie à ce seul point, en y cherchant la part de nouveauté apportée par le poète français dans cette forme de la poésie antique.

Nous savons par Racine lui-même que souvent lui était passé par l’esprit le désir de lier comme dans les anciennes tragédies grecques, le chœur et le chant avec l’action. Le poète lyrique qui était en lui, empêchait le poète tragique de dormir. Mais comment les associer l’une à l’autre ? Il n’en trouvait pas le moyen. Tout à coup s’offre à lui une nouvelle source d’inspiration. Mme de Maintenon lui demande une tragédie pour Saint-Cyr, et l’introduit dans la maison. Le voilà jeté en pleine jeunesse, en pleine beauté,