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Elle est la prêtresse de son propre sacrifice, et elle sort sur cette dernière parole : Adieu, douce lumière !

Quel mot délicieux ! Quelle poétique image du génie grec ! Je ne connais pas au théâtre de péripétie plus saisissante que cette transformation sublime... et je n’hésite pas à dire qu’Euripide, dans Iphigénie, reste bien au-dessus de Racine, parce qu’il a su être à la fois plus vrai et plus grand, et plus grand parce qu’il a été plus vrai !


Phèdre

Phèdre est une pièce absolument à part. Il n’y en a pas de plus française, et cependant Racine l’a tirée de deux ouvrages étrangers. Le premier acte revient à Euripide, le second à Sénèque ; le troisième et le quatrième appartiennent seuls en propre à notre poète ; mais ils sont à la fois si puissants et si habiles, ils représentent avec tant d’éclat les deux qualités maîtresses de notre théâtre, c’est-à-dire la science de composition et le développement de la passion, qu’ils suffisent à faire de cette œuvre d’imitation un chef-d’œuvre immortel. Chose frappante ! sa beauté vient d’une faute,