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personnage de théâtre doit rester jusqu’au bout fidèle à lui-même, comme si le fond même du pauvre cœur humain n’était pas la mobilité, l’inconstance, la contradiction ! Aussi l’Iphigénie grecque, quand elle se trouve mise en présence de toutes les catastrophes qui peuvent naître des efforts de son père pour la sauver, est saisie tout à coup par un des ces transports surnaturels, qui sont l’honneur de notre nature. D’un coup d’aile, elle s’élève sans effort au rôle d’héroïne, de martyre ! Cette même bouche, d’où sont parties des supplications si touchantes, nous fait entendre des paroles toutes pleines d’un enthousiasme sacré ! Elle ne se résigne pas à la mort,... elle y court !

« O ma mère, je veux mourir ! La Grèce entière a maintenant les yeux sur moi. De moi dépend le départ de la flotte et le succès de nos armées. Je me dévoue. Les ruines de Troie seront le monument éternel de mon sacrifice. Ce sera mon hymen, mes enfants, ma gloire. »

Puis, se retournant vers les jeunes filles qui l’entourent, elle ordonne elle-même toute la cérémonie de la fête ! « Préparez des couronnes ! Portez l’eau, les voiles, formez des danses autour de l’autel. »