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y a un sentiment du malheur... ah ! compatis à mon sort ! Nous sommes deux à te supplier ! Lui, faible enfant,... moi, déjà plus grande ! »

Voilà bien le langage de l’épouvante... voilà bien le cri parti du cœur qui va au cœur ! Voilà bien la nature dans toute sa vérité ! Hé bien ! maintenant, la voici dans toute sa grandeur !

Nous sommes au 5ème acte. Le moment fatal est arrivé. Calchas attend sa victime à l’autel. Certes, ce n’est pas le courage qui manque à notre Iphigénie. Telle nous l’avons vue au début, telle nous la retrouvons à la fin, inaccessible à la peur, marchant sans pâlir au-devant du fer de Calchas, et sa dernière parole :

 
Eurybate, à l’autel conduisez la victime


a, dans sa concision, un véritable accent de grandeur. Que fait Euripide ? Tout le contraire.

Le moment fatal est arrivé, Calchas est à l’autel et attend la victime. Quelle attitude va-t-elle prendre ? Quel langage le poète va-t-il prêter à son héroïne ? Celui de la nature.

Je ne sais pas de règle plus fausse que le précepte que nous a légué Horace, selon lequel nous bâtissons toutes nos pièces, à savoir qu’un