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C’est moi qui, si longtemps le plaisir de vos yeux
Vous ai fait de ce nom remercier les dieux.
Moi pour qui, tant de fois prodiguant vos caresses,
Vous n’avez point du sang dédaigné les faiblesses.


Dédaigné les faiblesses du sang ! Dans un pareil moment ! Quand la mort est là ! Puis, à la fin de son discours, car c’est bien un discours, je dirai même un plaidoyer, au moment où elle fait un dernier appel à la pitié de son père... que lui dit-elle :

 
Mais à mon triste sort, vous le savez, seigneur,
Une mère, un amant, attachaient leur bonheur.
Un roi digne de vous a cru voir la journée
Qui devait éclairer notre illustre hyménée ;
Déjà, sûr de mon cœur à sa flamme promis,
Il s’estimait heureux : vous me l’aviez permis.
Il sait votre dessein : jugez de ses alarmes,
Ma mère est devant vous ; et vous voyez ses larmes.
Pardonnez aux efforts que je viens de tenter
Pour prévenir les pleurs que je vais leur coûter.


Voyons, soyons sincères ! Tout cela n’est-il pas faux, maniéré, artificiel ? Ce : Vous me l’aviez permis est odieux ! A vingt ans, on ne regrette pas de mourir, seulement parce que cela fait de la peine aux autres ! Oh ! comme à la place de tous ces alambiquages, j’aime bien mieux les cris de douleurs, les terreurs éperdues, les paroles entrecoupées de sanglots de l’Iphigénie grecque.