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toutes les mémoires, et j’aurais scrupule de les citer, si je pouvais expliquer autrement ce que j’ose en penser et en dire.

 
Mon père,
Cessez de vous troubler, vous n’êtes point trahi :
Quand vous commanderez, vous serez obéi.
Ma vie est votre bien ; vous voulez le reprendre :
Vos ordres sans détours pouvaient se faire entendre.
D’un œil aussi content, d’un cœur aussi soumis
Que j’acceptais l’époux que vous m’aviez promis,
Je saurai, s’il le faut, victime obéissante,
Tendre au fer de Calchas une tête innocente ;


Certes, jamais la poésie française n’a parlé une langue plus harmonieuse. Jamais sentiments plus élevés ne se sont déroulés en périodes plus élégantes. Mais, l’avouerai-je, c’est cette élégance même qui me choque. Quoi ? Pas un cri de nature !... Pas un vrai élan de douleur ! Elle n’ose pas dire qu’elle a peur de la mort !

 
Peut-être assez d’honneurs environnaient ma vie
Pour ne pas souhaiter qu’elle me fût ravie.


Qu’est-ce que ce : Pour ne pas souhaiter, sinon une figure de rhétorique ?

Au cours de la scène, elle rappelle à son père les témoignages d’affection qu’il lui donnait... En quels termes ?