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fait que œuvre intéressante avec un chef-d’œuvre. Comment ? Pourquoi ? Rien de plus simple. Dans Andromaque, il a été inspiré par le génie de son siècle ; dans Iphigénie, il a été gâté par le goût de son temps. Il a dénaturé le délicieux rôle d’Iphigénie. Il l’a habillé à la française. Ce n’est plus la jeune fille, telle que l’avait créée Euripide, naïve, simple, spontanée, vivante, parlant comme parle la nature. C’est une noble demoiselle du siècle de Louis XIV, c’est une élève de Saint-Cyr. Elle n’a pas seize ans, elle en a vingt. Le bienséance, les convenances, la déférence, l’obéissance, toutes ces vertus sociales et plus ou moins nées de l’esprit de cour, règlent ses actions, dictent ses paroles, et portent je ne sais quoi qui ressemble à l’étiquette, dans l’expression même des sentiments les plus naturels.

De telles critiques, s’adressant à une œuvre universellement admirée, ne peuvent se justifier que par des preuves. Prenons deux exemples caractéristiques :

D’abord la célèbre scène du 4e acte.

 
Mon père,
Cessez de vous troubler, vous n’êtes pas trahi :
Quand vous commanderez, vous serez obéi.


Ces vers sont dans tous les recueils, dans