Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/136

Cette page n’a pas encore été corrigée

du choc de ces quatre passions que sort la tragédie la plus puissamment construite de tout notre théâtre ; je puis citer à ce sujet un témoignage irrécusable, celui de l’homme qui passe justement pour le plus habile des constructeurs dramatiques, de Scribe. « On reproche à Andromaque comme une faute, me dit-il un jour, de contenir deux sujets. Rien de plus injuste. Racine les a si bien fondus ensemble qu’ils n’en font qu’un. Toutes les scènes entre Pyrrhus et Andromaque font écho dans toutes les scènes entre Hermione et Oreste. Savez-vous, ajouta-t-il, ce que c’est que la tragédie d’Andromaque ? C’est une toile d’araignée. On ne peut pas toucher un fil sans que tous les fils frémissent en se répercutant au centre. » Le centre, c’est le public. Tous les coups et contre-coups aboutissent à lui. La pièce est donc une, et je ne crains pas de dire que Racine, dans Andromaque, a surpassé celui qu’il a imité.


Iphigénie en Aulide

Ici, Euripide prend sa revanche. Racine, dans Andromaque, a tiré un chef-d’œuvre d’une œuvre de second ordre. Dans Iphigénie, il n’a