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le plus touchant et le plus profond de la race hellénique : le culte des morts.

Après Sophocle, Euripide.

Iphigénie en Aulide, Iphigénie en Tauride, Alceste, Phèdre, Médée, Ion, donnent la vie du théâtre aux plus pathétiques légendes des époques historiques ou mythologiques de la Grèce.

Reste enfin ce personnage mystérieux, le chœur, qui, tour à tour lyrique, épique, satyrique, moraliste, représente sous toutes leurs faces l’âme et l’esprit de la Grèce, et en enveloppe, pour ainsi dire, tous les chefs-d’œuvre du théâtre.

Passons à nos tragiques du XVIIIe siècle. Quel contraste ! Nous sommes en France, et il n’y est pas question de la France. Notre théâtre est romain, grec, juif, oriental, asiatique ; tout, excepté français. Sans doute l’esprit du XVIIe siècle est répandu dans nos ouvrages, mais aucun des événements de notre histoire n’y a sa place. C’est un théâtre exotique et purement littéraire. De là, chez les tragiques grecs, une supériorité incontestable, au point de vue de la grandeur, du caractère, de la gravité.

Seconde différence :

Qu’est-ce que la passion dans le théâtre grec ? Presque rien. Dans le nôtre ? Presque