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ses jours, qu’un père. Enfin Eschyle, avec un art merveilleux, relie, dans cette œuvre, l’époque mythologique à l’époque historique, le passé au présent, en rattachant au jugement l’Oreste la fondation de l’Aréopage.

Qu’est-ce enfin que les Perses ? Une tragédie sans précédent et sans analogue : elle met en scène l’événement de la veille, un fait vivant, palpitant, dont tous les cœurs sont remplis, meurtris, cuivrés, Salamine !... Chose étrange ! C’est la seule pièce grecque qui ne se passe pas en Grèce, et nulle part la Grèce n’est aussi présente. Le théâtre figure Suse, et on ne pense qu’à Athènes. Les personnages s’appellent Xerxès, Atossa, l’Ombre de Darius, et l’on ne pense qu’à Thémistocle. Eschyle, pour glorifier sa patrie, n’a pas fait assister ses compatriotes à leur triomphe ; il leur donne en spectacle le désespoir et l’épouvante de leurs ennemis. Ce sont les lamentations des vaincus qui sont l’hymne de triomphe des vainqueurs !

Après Eschyle, Sophocle.

Philoctète, Œdipe roi, Œdipe à Colone, Ajax, Électre, les Héraclides, sont autant de souvenirs de l’histoire grecque transformés en chefs-d’œuvre dramatiques, et Antigone est l’immortelle représentation d’un des traits de mœurs