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Quel cri de passion que ce dernier mot ! En vérité, plus j’étudie ce morceau, plus je me demande : Mais où est donc l’honnête bourgeoise, simplement attachée à ses devoirs ? Nous sommes en face d’une grande coquette. Coquette pour une fois, soit ! Coquette pour le bon motif, d’accord ! Coquette par dévouement aux siens... je le veux ! Mais enfin, coquette ! Car qu’est-ce que c’est d’être coquette, sinon faire accroire à un homme qu’on l’aime alors qu’on ne l’aime pas. C’est tromper ! C’est mentir ! Et dans quelles circonstances ! Il ne s’agit pas d’un sourire, d’un coup d’œil, d’un mot... jeté comme par hasard ; d’un billet de quelques lignes prêtant plus ou moins à l’équivoque. Non ! C’est une scène entière à jouer ! Et l’homme à qui elle parle ainsi, les yeux dans les yeux, est un homme qu’elle exècre... qu’elle méprise !... Comment expliquer que l’honnête Elmire ait eu le courage et le talent de jouer une telle scène ? Où a-t-elle appris ce langage, ces gestes, ces jeux de scène ? Non ! non, l’intention de Molière est évidente. Si Elmire engage la bataille, c’est qu’elle se sent de force à la gagner ! Le jeu l’amuse, la difficulté l’excite, le but qu’elle poursuit la soutient ; son succès l’encourage ; elle savoure le plaisir qu’à