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L’aveu est complet, mais elle a affaire à un homme aussi habile qu’elle.

 
― Ce langage à comprendre est assez difficile,
Madame ; et vous parliez tantôt d’un autre style.


Il n’y a plus à reculer, il faut qu’elle aille de l’avant ! Elle n’hésite pas :

 
― Ah ! si d’un tel refus vous êtes en courroux,
Que le cœur d’une femme est mal connu de vous !


Et vient alors, après ces paroles, une déclaration plus extraordinaire peut-être encore que celle de Tartuffe au IIIe acte. C’est un chef-d’œuvre de félinerie féminine. Jamais le combat de la pudeur et de l’amour, le trouble d’un cœur qui se défend et qui se rend n’ont été peints avec plus d’abandon et plus de charme. Il est impossible que Tartuffe n’y soit pas pris, et les derniers vers emportent toute résistance.

 
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Et lorsque j’ai voulu moi-même vous forcer
A refuser l’hymen qu’on venait d’annoncer,
Qu’est-ce que cette instance a dû vous faire entendre,
Que l’intérêt qu’en vous on s’avise de prendre,
Ce on s’avise, est-il assez câlin ?... assez tendre ?
Et l’ennui qu’on aurait, que ce nœud qu’on résout
Vînt partager du moins un cœur que l’on veut tout ?