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avec un sourire quelque peu orgueilleux. Prenez garde, dit Dorine :

 
...Son esprit est rusé
Et peut-être à surprendre il sera malaisé.
― Non. On est aisément dupé par ce qu’on aime.
Et l’amour-propre engage à se tromper soi-même,
Faites-le-moi descendre.


Quelle assurance ! Quelle confiance en son empire ! Et une fois l’idée trouvée, quel art de mise en scène ! L’auteur dramatique le plus expert ne ferait pas mieux.

 
― Approchons cette table, et vous mettez dessous.
― Pourquoi sous cette table ?
                                     ― Ah ! mon Dieu ! laissez faire ;
J’ai mon dessein en tête.


Le mari est sous la table, et les autres personnages sont écartés ; elle s’approche, lève le coin du tapis qui recouvre Orgon, et, penchée vers lui, lui adresse un petit discours, auquel la gravité de la situation donne un singulier piquant.

 
Au moins je vais toucher une étrange matière,
Ne vous scandalisez en aucune manière.
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Je vais par des douceurs, puisque j’y suis réduite,
Faire poser le masque à cette âme hypocrite,
Flatter de son amour les désirs effrontés,
Et donner un champ libre à ses témérités.