Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/118

Cette page n’a pas encore été corrigée


Terreur de Tartuffe ! Il se croit perdu. Elle coupe court et d’une voix brève :

 
Je ne redirai point l’affaire à mon époux.


mais en revanche, je veux que vous pressiez le mariage de Mariane avec Valère, je veux que vous renonciez à toute donation.

La partie est gagnée. Elle tient le misérable à sa merci. Tout cela s’est fait d’un mot, en un instant, et la famille était sauvée sans la maladroite intervention de Damis. Peut-on trouver une plus vive image d’une jeune et délicieuse maîtresse femme, et Mlle Contat n’est-elle pas la fidèle interprète de Molière ?

Nous voilà arrivés au IVe acte. Quelle situation ! Tartuffe est plus maître que jamais ! Orgon plus aveugle que jamais. Mariane, Valère, Damis, Cléante, Dorine, plus désespérés que jamais. D’où viendra le salut ? Encore d’Elmire. Exaspérée par l’aveuglement d’Orgon, elle a recours à un moyen d’une audace sans pareille. Elle qui connaît Tartuffe à fond, elle qui l’a vu à l’œuvre, elle qui sait ce dont il est capable, elle propose de lui donner un second rendez-vous, et de lui faire des avances pour lui arracher des aveux. Tout le monde se récrie : « Faites-le-moi descendre, » répond-elle