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vieille acariâtre quitte la maison par dépit de se voir supplantée par elle... Elle règne. Elle règne, il est vrai, par le charme, par la bonté, par la raison, mais enfin elle règne !...

Qu’est-ce que cette Elmire, sinon Mlle Contat elle-même ?

Poursuivons notre analyse, en y suivant la trace de l’interprète.

Nous voici à la fin du second acte. Toute la famille est émue. Orgon a résolu de donner sa fille à Tartuffe. Qui se charge seule et spontanément de conjurer ce péril ? Elmire.

 
Laissez agir les soins de votre belle-mère,


dit Dorine à Mariane.

Sans consulter personne, sans avertir personne, Elmire, en effet, a expédié sa suivante à Tartuffe et lui a donné un rendez-vous secret dans cette salle basse. Elle sait parfaitement que Tartuffe est amoureux d’elle, mais elle sait aussi l’empire que lui donne cet amour, et une déclaration n’est pas pour lui faire peur ; elle nous le dit elle-même en vers railleurs :

 
Et ne suis point du tout pour ces prudes sauvages
Dont l’honneur est armé de griffes et de dents,
Et veux au moindre mot dévisager les gens.
Je veux une vertu qui ne soit pas diablesse.