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s’étant permis quelques regards, quelques gestes inconvenants, elle lui dit à mi-voix, mais de façon à être entendue par une partie de l’orchestre : « Si nous n’étions pas en scène, je vous appliquerais un fier soufflet ! »

Or, quel parti prit Mlle Contat, après ces précédents ? Que fit-elle ? Ce que font tous les artistes vraiment supérieurs. Elle appropria vaillamment le rôle à sa nature, elle l’aristocratisa ! Elmire devint avec elle une grande dame et une délicieuse maîtresse femme. Là où Mme Préville sauvait, à force d’adresse, la scabreuse situation du IVe acte, Mlle contat l’aborda franchement, et déploya sans hésiter tout son génie de coquette pour démasquer Tartuffe.

Eut-elle raison ? Demandons-le à Molière.

L’étude attentive du rôle lui-même nous dira si l’interprète a traduit ou trahi la pensée du poète.

La première scène du Ie acte nous donne une indication dont on ne tient pas, ce me semble, assez de compte.

Que dit Mme Pernelle à Elvire ?

 
Ma bru, qu’il ne vous en déplaise,
Votre conduite en tout est tout à fait mauvaise,
Et leur défunte mère en usait beaucoup mieux.