Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/112

Cette page n’a pas encore été corrigée

bien caractéristique ? n’exprime-t-il pas bien tout ce qu’il y avait de verve, d’éclat, d’audace, dans le jeu de cette incomparable Célimène ? Tel était son charme dominateur, qu’au IVe acte du Misanthrope, quand elle se retourne vers Alceste, et lui lance son célèbre

 
Il ne me plaît pas, moi !


Molé, c’est lui qui le raconte, restait écrasé, éperdu sous cet accent et sous ce regard.

Eh bien ! demandons-nous comment une artiste de cette allure, de cette envergure, a pu entrer dans le personnage d’Elmire. La tradition ne lui facilitait pas sa tâche.

Un document contemporain, la célèbre Lettre sur l’Imposteur, qui n’est autre que le récit de la première représentation de Tartuffe, dit d’Elmire : une femme attachée à ses devoirs et douce. Voilà une définition qui ne définit guère Mlle Contat. En outre, Mme Préville, sa maîtresse, se conformant, ce semble, aux indications de la Lettre sur l’Imposteur, représentait Elmire sous les traits d’une bourgeoise réservée, mesurée et spirituelle ; je me souviens même qu’on racontait d’elle un bien joli mot et bien caractéristique. Dans la grande scène du IIIe acte, Augé, qui jouait Tartuffe,