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donc parler d’elle comme si je l’avais vue.

Le trait caractéristique du talent de Mlle Contat, c’est qu’elle était une grande dame sur la scène. Maîtresse du comte d’Artois à 17 ans, elle avait, dès sa jeunesse, entrevu tout ce qu’avait de plus brillant, de plus élégant, de plus léger, de plus galant, la société de Versailles et de Trianon.

Or, pour une artiste comme Mlle Contat, entrevoir, c’est voir, et voir c’est s’approprier. La tâche, du reste, lui était facile, tant ses dons naturels l’y avaient comme préparée. Elle était née duchesse... dans la boutique d’un marchant de drap de la rue Saint-Denis. La nature s’amuse parfois à jouer de ces tours aux apôtres de l’atavisme. Grande, la taille riche et élégante, les dents éblouissantes, les yeux à la fois doux comme le velours et étincelants comme des escarboucles... J’en parle savamment, j’ai vu ces yeux-là sur la figure de son fils, le marquis de Parny, mon ami. Elle avait les bras, les poignets, les mains, le cou, la tête, liés l’un à l’autre par de si souples attaches, que tous ses mouvements étaient harmonieusement rythmés, comme une belle phrase musicale.

On parlait toujours au théâtre de son entrée