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célèbre, l’autre fort applaudie : Mlle Leverd et Mlle Mars. Mlle Leverd poussait la coquetterie jusqu’à la gaillardise ; Mlle Mars tempérait tout par je ne sais quel air de décence. On préférait beaucoup Mlle Mars. On la mettait même au-dessus de son illustre devancière et maîtresse, Mlle Contat.

Louis XVIII se mêla parmi les juges, et on ne fut pas peu surpris de voir le roi de France préférer une bonapartiste avérée comme Mlle Mars, à une pure et fervente royaliste comme Mlle Contat.

En quoi consistait donc la supériorité de l’élève sur la maîtresse ? En quoi en différait-elle ? Régnier n’ose pas résoudre la question. Il avait beaucoup vu Mlle Mars dans le Tartuffe, et l’y admirait comme un modèle absolu de perfection. Mais qu’avait été Mlle Contat ? Il ne le savait que par ouï-dire, et il s’abstient. Eh bien ! je voudrais tenter ce qui l’a effrayé, je voudrais, à l’aide de quelques souvenirs personnels, reconstituer le personnage d’Elmire tel que Mlle Contat l’avait conçu. Les documents ne me manquent pas. Mlle Contat était l’amie intime de mes parents, et mon tuteur, M. Bouilly, l’avait eue pour interprète dans sa comédie de Mme de Sévigné. Je puis