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se compose de deux personnages absolument différents : l’un est comique, l’autre est terrible ; l’un doit faire rire, l’autre doit faire trembler. Rien ne le prouve mieux qu’un fait, sans exemple dans l’ancien répertoire. Tartuffe a été joué tour à tour par les valets et par les premiers rôles. De là, cette conséquence naturelle que l’interprétation a varié selon les interprètes. Les valets ont mis en relief le côté comique, les grands premiers rôles l’ont mis dans l’ombre. Nous avons, sur ce point, un témoignage précieux, celui du célèbre acteur Préville.

Préville dit en propres termes : « Le public veut que Tartuffe l’amuse, c’est une faute de goût. L’esprit seul de l’auteur doit exciter la gaîté, et non la paillardise et les grimaces de l’acteur... »

De notre temps, Préville a trouvé un auxiliaire bien inattendu et bien puissant dans notre cher et illustre Régnier. Le beau livre de Régnier, intitulé Le Tartuffe des Comédiens, contient cette phrase textuelle :

« Tartuffe, dès son entrée en scène, doit prendre un maintien décent, et non l’attitude et la physionomie d’un hypocrite. Plus le comédien imitera le vrai dévot, mieux il «