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Et il a également prouvé la sincérité de ses intentions en fondant dernièrement et en dotant si généreusement ces écoles gratuites du soir, qui ont déjà opéré tant de bien et qui sont destinées à en produire beaucoup plus encore.

Nous voici maintenant arrivés à une époque de la vie de M. Mercier qui forme comme le point de départ d’une carrière nouvelle ; c’est le soulèvement des Métis du Nord-Ouest sous la conduite de Louis Riel, le procès de ce dernier, sa condamnation à mort et l’exécution de la sentence.

Il n’y a pas lieu d’entrer ici dans les détails de ce drame, que tout le pays a encore présent à la mémoire. Rappelons seulement que ce fut, d’un bout à l’autre de la province, un immense cri de protestation, lorsqu’on vit que, sur cette terre des grandes libertés, à une époque de lumières comme celle que nous traversons, l’autorité avait décidé de punir et avait puni de mort un homme coupable d’un simple délit politique, un homme à peu près irresponsable de ses actes, puisqu’il avait été déjà enfermé pendant longtemps dans un hospice d’aliénés.

M. Mercier fut un des premiers à élever la voix pour demander au peuple de s’unir dans ce cri de reproche, sans tenir compte des partis.

Toute une population se leva pour l’appuyer. Il avait littéralement en mains le pouvoir suprême. C’est alors qu’il accomplit une des plus belles actions, peut-être, de sa vie, un de ces sacrifices généreux qui comptent dans une existence. Il fallait un chef pour commander cette nouvelle phalange qui s’engageait dans un champ d’action nouveau. M. Mercier était naturellement désigné pour ce poste d’honneur, il voulut cependant s’effacer, et offrit généreusement la première place à M. Chapleau. Une pareille alliance aurait, sans doute, fait des représentants de la province un groupe capable d’exercer une action prépondérante.

On sait que cette offre ne fut pas acceptée.

Pendant la session de 1886, le 7 mai, M. Mercier prononçait, sur cette question du Nord-Ouest et de Riel, un des plus éloquents plaidoyers qui se soient fait entendre dans nos assemblées législatives. Ce discours, si rempli d’érudition, de logique irrésistible, et si vibrant à la fois, produisit une émotion extraordinaire.

Mais M. Mercier ne devait pas s’en tenir là. On annonçait les élections provinciales pour l’automne de la même année. Il se mit