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lui était donné de jeter un coup d’œil dans la coulisse ou dans la salle d’exercice ; s’il pouvait voir combien ce qu’on est convenu d’appeler la ficelle tient plutôt du câble et de la chaîne ; comme il changerait d’idée ! Cependant, en admirerait-il plus les uns et les autres ? Nous croyons que non. Car, dans ce monde, tout singulier que cela paraisse, la fiction est plus forte que la réalité : et l’on pleurera toujours plus volontiers sur le malheur supposé de l’Éléonore du Trouvère que sur les angoisses réelles de l’artiste qui est peut-être obligée de chanter ce rôle pendant que chez elle les cierges brûlent dans une chambre mortuaire, près du corps d’un parent chéri.

Nous avons déjà eu occasion de dire que notre jeune musicienne, tout en cultivant son art, n’entendait pas renoncer complètement aux amusements de son âge ; elle conservait donc un goût prononcé pour le jeu et le tapage.