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« Au premier rang, sans contredit, si l’on tient compte avant tout de ce qui constitue l’art proprement dit : de la méthode, du style, du goût, de la virtuosité. Non pas que la nature ait refusé ses dons à Mlle Albani ; mais en les lui dispensant, elle y a mis certaines réserves : la voix, chaude et sympathique, pourrait avoir plus de puissance et d’agilité ; le physique intéressant, est un peu grêle ; les traits, expressifs, n’ont ni la beauté sculpturale de la Grisi, ni la grâce piquante de la Patti. Que voulez-vous ? on ne peut tout avoir, et, tel qu’il est, le lot de la nouvelle diva est encore assez riche pour faire envie à bien des rivales.

« En choisissant pour ses débuts le rôle d’Amina, Mlle Albani a été bien inspirée. Son succès qui s’était déjà affirmé dès le premier acte, n’a pas cessé de grandir et s’est élevé, au troisième, jusqu’au triomphe. L’amour dans ce qu’il a de plus chaste et de plus pur, la douleur imméritée d’un cœur tendre et naïf n’ont jamais trouvé des accents plus émus, plus pénétrants, plus pathétiques. Dans cette grande scène de somnambulisme, la pierre de touche de l’expression et du style dramatiques, l’Albani a défié tous les souvenirs. »

Le Monde Illustré : s’exprime ainsi :

« Et d’abord il n’était pas besoin de crever toutes les grosses caisses de Barnum pour célébrer à l’avance les débuts de Mlle Albani. Cette jeune cantatrice a déjà assez de mérite pour se présenter toute seule. D’autre part, sommes-nous à Paris si dégoûtés des gens de talent qu’il faille nous guider dans nos applaudissements ?