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bien, peut-être, qu’on ne voudrait le laisser voir.

M. Savigny, de l’Illustration, après avoir consacré une vingtaine de lignes au portrait de la jeune débutante, poursuit en ces termes son appréciation :

« …Cette première surprise passée, écoutons la diva nouvelle.

« La situation continue, il y a évidemment méprise et voyez le tort que la réclame a fait à cette jeune artiste. Si, au lieu de nous dire : vous allez entendre une merveille, quelque chose comme une heureuse fusion de la voix éclatante de la Patti et des notes touchantes de la Nilsson, un organe d’une beauté achevée manié par un talent des plus complets, on nous eût dit : écoutez bien la débutante ; elle est évidemment au début de sa carrière, elle hésite, elle s’étonne, elle n’est pas encore hors de maître, elle ne sait pas sa voix, elle l’aventure parfois au risque de se la briser et de se casser le cou avec, elle est inexpérimentée, elle manque de style ; mais il y a là une voix agréable, sympathique, qui, à ses moments, a de la chaleur, qui porte en elle une certaine émotion et qui émeut le public ; elle a ce rare bonheur : elle est dramatique, laissez faire le temps, laissez faire l’étude et soyez persuadé qu’un jour cette jeune fille, qui entre maintenant par les portes de côté, entrera au théâtre par les grandes portes. Si l’on avait parlé de la sorte, on eût dit vrai, et le succès de l’Abani aurait eu sa marche