comme disent les chanteurs.
On sait, en effet, que la réputation d’un artiste n’est pas censée établie et confirmée tant qu’il n’a pas passé par la critique d’un auditoire parisien.
C’est le moment décisif d’une carrière. Bien des artistes de mérite, pour n’avoir pu subir avec avantage cette épreuve périlleuse, soit par timidité, soit à cause d’une prédisposition défavorable du public, ont été condamnés à végéter toute leur vie dans les petites villes de province. Le pauvre Brignoli fut, croyons-nous, une de ces victimes. Au reste, il ne l’avait pas volé.
Le 24 octobre 1872, Emma Albani, paraissait pour la première fois devant un auditoire français, au Théâtre-Italien de Paris. Elle était annoncée depuis plus d’un mois ; toutes les lorgnettes de l’impitoyable critique de la capitale étaient braquées sur elle.