accoutumé. Nous sommes certain, cependant, que la grande cantatrice se rappelle encore avec une vive émotion cet épisode de son enfance.
Une des choses sur lesquelles M. Lajeunesse insistait beaucoup, dans les leçons qu’il donnait à sa fille, c’était la lecture à première vue. Il lui faisait déchiffrer toute la musique qui lui tombait sous la main : une ouverture classique ou une polka de salon, une sonate ou une partition d’opéra réduite pour le piano. Elle avait pour ce travail une aptitude extraordinaire. Emma Lajeunesse avait cela de commun avec notre pianiste distingué, Calixa Lavallée : elle jouait un morceau par intuition ; elle devinait plutôt qu’elle ne lisait.
M. Lajeunesse était extraordinairement fier de ce talent ; mais il y avait une chose surtout qui le transportait d’aise.
— Je lui mets sous les yeux, disait-il, une