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sur nous des millions d’acres jusqu’à ce que notre tombe, allant roussir sa tête à la zone enflammée, fasse paraître l’Ossa comme une verrue !

Le roi conclut en disant à Laertes :

Cette tombe obtiendra un monument en chair et en os[1].

Hamlet, quelques heures plus tard, meurt à son tour dans le combat qui sert de dénouement au drame. Marc de Rye, marquis de Varambon, on l’apprend par le récit de la reine, est emporté comme mort en un logis. « Son ame, que je crois, allant dans le tombeau requerir pardon à celle que son desdaigneux oubly y avoit mise, le laissa quelque temps sans aucune apparence de vie ; d’où estant revenue l’anima de nouveau pour luy faire esprouver la mort, qui, d’une seule fois, n’eust assez puny son ingratitude. » Le sort de l’amoureux infidèle est donc semblable des deux côtés.

Ainsi l’histoire d’Ophélie et celle du Ve acte de Peines d’Amour perdues n’en font qu’une : l’une et l’autre dérivent du drame d’amour dont Mlle de Tournon a été l’héroïne.

Faut-il ajouter encore que jamais nul indice vraiment probant, n’a été fourni en ce qui touche les sources et l’origine de l’épisode immortel d’Ophélie ? Rien, dans le théâtre antérieur connu, n’en donne l’idée, même lointaine. Certes, il appartient en pro-

  1. A living monument, ce qui fait allusion à la mort d’Hamlet que le roi est décidé à faire tuer.
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