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témoigne de part et d’autre que l’intéressé n’éprouve pas le plus petit soupçon de ce qui a pu arriver. Surprise et saisissement tragiques : « La belle Ophélie morte ! » Dans les deux cas, nous voyons que le cercueil de la jeune fille est couvert de fleurs.

… Cependant, — dit le premier prêtre, dans la seconde rédaction d’Hamlet, on lui a conservé ses couronnes de vierge, ses fleurs de jeune fille…

Et un peu plus loin, la reine ajoute encore de nouvelles fleurs aux premières.

Des choses gracieuses à cette grâce ! adieu ! (Elle répand des fleurs sur le cercueil.) J’espérais que tu serais la femme de mon Hamlet ; c’était ton lit nuptial que je me croyais appelée à orner, douce vierge, et non pas ta tombe à semer de fleurs.

Dans le récit de Marguerite, le drap blanc qui recouvre le cercueil est couvert « de chappeaux de fleurs » qui attirent l’attention de Varambon.

Dans Hamlet (2e rédaction), Laertes dit :

Déposez-la dans la terre, et puissent de sa belle chair sans souillure naître des violettes !

Le récit de la reine nous représente
ce corps, aussi malheureux qu’innocent et glorieux en sa virginité.

C’est de part et d’autre la vieille idée de la pureté physique propre au corps virginal.

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