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riches avant notre départ, si les présents continuent à pleuvoir sur nous avec tant d’abondance. Une dame toute crénelée de diamants ! Regardez ce que j’ai reçu de la part du roi amoureux.

Rosaline. — Madame, n’est-il venu rien d’autre avec cela ?

La Princesse. — Rien que cela. Ah ! si cependant, autant d’amour en vers qu’on peut en fourrer dans une feuille de papier écrite des deux côtés, marge et tout, qu’il lui a plu de sceller du nom de Cupidon[1].

Rosaline. — C’est le vrai moyen de donner plus de cachet à son parrain, car voilà cinq mille ans qu’il est à la condition d’enfant.

Catherine. — Oui, et de rusé petit gibier de potence.

Rosaline.Vous ne serez jamais amis ensemble ; il a tué votre sœur[2].

Catherine.Il la rendit mélancolique, triste

  1. C’est là une double et évidente allusion au cachet spécial emblématique dont usait le Vert-Galant pour sceller ses lettres d’amour ainsi qu’à son habitude d’écrire dans la marge de celles-ci.
  2. Voici le texte anglais de ce passage : Rosaline. — You’ll ne’er be friends with him, a’killed your sister. Katharine. — He mad her melancholy, sad, and heavy;

    And so she died: had she been light, like you,
    Of such a merry, nimble, stirring spirit.
    She might ha’been a grandam ere she died…
    And so may you… for a light heart lives long.

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