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ouvrage[1]. Au cours de la pièce, les trois jeunes femmes venues de France poursuivent des conversations galantes et spirituelles, tantôt entre elles, tantôt avec leur maîtresse, tantôt avec les brillants courtisans dont on vient de donner les noms.

Une des dames d’honneur de la princesse, au moment où celles-ci paraissent sur la scène pour la première fois, fait remarquer qu’elle connaît déjà Dumaine, pour l’avoir rencontré précédemment chez le duc d’Alençon. Or, il est parfaitement exact que la reine de Navarre, deux mois avant de partir pour la Guyenne et la Gascogne, en juin 1578, avait été voir son frère François, duc d’Alençon, à Alençon même, et naturellement avec ses dames d’honneur. « Mon frère [François] estant lors sur son partement de Flandre, la royne ma mère le voulut aller voir à Alençon avant qu’il partist. Je suppliay le roy de trouver bon que je l’accompagnasse pour luy dire adieu, ce qu’il me permit, bien qu’à regret. Revenus que nous fusmes d’Alençon, ayant toutes choses prestes pour mon partement, je suppliay encore le roy de me laisser aller. Lors, la royne ma mère, qui avait aussi

  1. Ibid., p. 39. Nous avons recueilli, depuis, plusieurs données utiles sur ces personnages. Il est certain que nous ne possédons pas le texte primitif de cette pièce et que celui-ci se rapprochait encore plus nettement de la réalité contemporaine. Comme les prescriptions élisabéthaines relatives au théâtre interdisaient les allusions ou évocations directes de personnages et d'événements politiques du temps, la comédie dut être remaniée. Malgré ces modifications, il reste encore un grand nombre de données concrètes touchant la cour de Navarre et ses souverains. On les trouvera exposés dans notre ouvrage. Depuis 1919, nous en avons relevé plusieurs autres.
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