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pour les arts aussi bien que pour les lettres, la veuve de Just II agrandit et embellit le château de Tournon. Familière avec les langues anciennes, elle se plaisait à favoriser les savants et les écrivains. On assure qu’elle était assez érudite pour lire Pindare dans le texte. Sa grande réputation aidant, la Cour de France désira se l’attacher. Elle devint dame d’honneur de Marguerite de Valois, reine de Navarre titre qui lui conférait la première place dans la maison de cette princesse. C’est en cette qualité qu’elle fit partie du voyage politique dont les eaux de Spa fournirent le prétexte apparent. Notons seulement, sans insister davantage sur sa vie, qu’elle mourut le 6 février 1591.

Les Mémoires de la reine Marguerite n’ayant paru, on l’a vu, qu’assez longtemps après sa mort, en 1628, le récit qu’ils contiennent touchant l’histoire tragique d’Hélène de Tournon, s’il fut connu et répandu avant cette date, ne saurait donc devoir au livre sa diffusion. En revanche, on constate sans étonnement que les deux auteurs qui, l’un au xviiie siècle, l’autre au xixe, ont utilisé ce thème émouvant, se sont inspirés des pages écrites par la reine. La nouvelle intitulée : Mademoiselle de Tournon, — presque un roman, puisqu’elle occupe 110 pages — qui parut en 1741[1], sous le nom de Mme de Villedieu, était en réalité l’œuvre de Dor-

    dernier manuscrit a été publié en partie, notamment en ce qui touche notre Claude de Tournon, par M. F. Benoît d’Entrevaux dans ses Notes pour servir à l’histoire de la ville de Tournon. Privas, 1905.

  1. Œuvres de Madame de Villedieu. Tome onzième contenant Le Prince de Condé, Nouvelle historique, Mademoiselle d’Alençon,
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