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la cour de France, où elle vivait à demi-captive ; mais toujours les plus sérieux obstacles venaient gêner l’accomplissement de son dessein. En chaque circonstance, Henri III, d’accord en cela avec la reine mère, Catherine de Médicis, manifestait une opposition absolue aux projets de départ de sa sœur, les déclarant dangereux au premier chef pour la sécurité même de la princesse. Cependant, lorsque s’ouvrit l’année 1577, les hostilités recommencèrent entre les troupes d’Henri de Navarre et celles de son beau-frère le roi de France. Cet état de guerre, en rendant la situation de Marguerite intenable à la cour, l’amena à tenter des démarches plus pressantes encore. Ses amis s’entendirent, de leur côté, pour représenter partout son éloignement comme une mesure indispensable, imposée par les nouvelles circonstances politiques. Puisqu’il ne pouvait plus être question d’un voyage dans le midi, dont le roi écartait formellement la seule pensée, il importait à la reine de Navarre de découvrir un prétexte plausible qui lui permît de sortir du royaume, par exemple sous couleur d’accomplir un pèlerinage ou de visiter quelque parente. Or, il arriva qu’au cours d’une réunion où s’agitait cette question délicate, en présence du duc d’Anjou, frère du roi, de sa sœur et de plusieurs personnages et grandes dames de la cour, on vint à parler des visées politiques qu’entretenait le duc du côté de la Flandre, puis à déviser du prochain départ de la princesse de la La Roche-sur-Yon qui s’apprêtait à aller prendre les eaux de Spa. Mondoucet, qui revenait de Flandre en qualité d’agent du roi, et comptait y retourner bientôt, en apparence pour

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