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AVANT-PROPOS




En livrant au lecteur ces notes et souvenirs relevés presque tous en leur temps, je ne prétends faire ni de l’histoire ni de l’autobiographie.

Pour l’histoire, il faudrait y avoir tenu plus de place ou posséder des moyens d’informations que je n’ai jamais eus.

De l’autobiographie ? — Encore moins.

Ma vie, pas plus que celle des millions d’êtres dont l’existence entière est absorbé par le gagne-pain n’offrirait rien de bien intéressant à raconter… Je n’ai ni plus souffert ni plus lutté qu’eux. Ni plus ni moins qu’eux, je n’ai eu à me plaindre du milieu anti-social, anti-humain dans lequel peinent et meurent les prolétaires, et que, tous, nous aspirons à détruire pour y substituer une société de citoyens vraiment égaux et libres.

Mais ayant pris part depuis bientôt quarante ans aux efforts communs pour hâter l’heure de la délivrance, j’ai cru que, peut-être, il serait intéressant pour les nouveaux de l’armée révolutionnaire de savoir quelles impressions produisirent sur l’esprit d’un « jeune » d’autrefois les événements qui se déroulaient devant lui, portant dans leurs flancs la révolution sociale et comment ainsi se forma sa conscience.