Page:Lefrançais - La Commune et la révolution, 1896.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 22 —

et à petits capitaux, lésée dans son appétit budgétivore, qui réclama alors l’abaissement du Cens, et même sa suppression en faveur des « Intellectuels » de tous ordres (artistes, savants et gens de lettres). Enfin les Républicains et leurs frères cadets — les Bonapartistes — leur poussée aidant, renversèrent le « Système » et proclamèrent le Suffrage Universel.

Mais ce fameux suffrage, dont tous les citoyens se trouvèrent investis le 24 février 1848, n’ayant en vue — d’après la doctrine même des républicains — que d’asseoir l’autorité sur de plus larges bases, n’eut et ne pouvait avoir d’effet que de changer plus ou moins fréquemment le personnel gouvernemental ; la masse des électeurs, décorée du titre pompeux de « Peuple Souverain », n’en resta pas moins taillable et exploitable à merci, sa souveraineté de principe se transformant par le fait seul de son exercice à l’heure du scrutin, en un nouvel esclavage, dont les chaînes lui sont d’autant plus rudes qu’elle les a forgées et rivées elle même. Sa souveraineté prétendue consiste uniquement dans le droit de se choisir des maîtres qu’elle n’a même plus, comme sous la monarchie, le droit de chasser ou de supprimer sans qu’on l’accuse — ô ironie ! — de « violer » sa propre souveraineté !