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invoquent sans cesse, mais les seuls intérêts bourgeois et autoritaires, — rien autre.

Partisans de la Raison d’État, ces partis politiques ne sont divisés que sur cette question : Qui représentera l’État ? C’est-à-dire qui sera chargé de gouverner les masses ? Et qui jouira du bénéfice attaché à cette importante et lucrative mission ?

Les grands propriétaires ruraux et industriels et tous les détenteurs quelconques de grands capitaux, acceptant les distinctions créées par la Législative de 1791, affirment que ceux-là seulement doivent gouverner qui ont de grands intérêts à sauvegarder, et que la plèbe, les travailleurs, la « vile multitude », comme l’appelait M. Thiers, ne possédant rien, n’a point à s’intéresser de la chose publique, et n’a ainsi aucun droit de participer à l’action gouvernementale. Telle est la théorie politique de l’école libérale[1].

Cette théorie donna lieu à la création du Cens, ou minimum d’impôt au-dessous duquel sont classés les citoyens non actifs, c’est-à-dire inhabiles aux fonctions législatives et gouvernementales, à émarger au budget et à sauver la société.

Mais cette théorie ne tarda pas à être battue en brèche par la petite bourgeoisie boutiquière

  1. C’est également l’avis de M. Taine, l’auteur des Origines de la France moderne.