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mission d’organiser. Pour couronner leur trahison, ils avaient de plus employé M. Thiers — le conseiller dévoué des d’Orléans — à courir de capitales en capitales pour implorer la protection des puissances monarchiques, auprès du roi de Prusse, en faveur de la République française ! Et cela aboutissait à d’ironiques propositions d’armistice, basées sur l’élection à bref délai d’une assemblée nationale, alors qu’un quart du pays était en puissance de l’ennemi, Paris en état de siége et le reste de la France aux mains des monarchistes coalisés et presque tous restés dans l’administration, dans la magistrature et jusque dans l’armée qui se reconstituait !

C’était, ou de la démence, ou de la trahison. Peut-être bien les deux à la fois.

Les républicains-socialistes le sentirent plus que tous autres.

Ennemis déclarés de la guerre à son origine, nous l’avons démontré, ils ne pouvaient admettre que Paris se rendît sans combat, alors qu’il renfermait une garnison considérable, décidée à vaincre ou à mourir.

Paris, devant la douloureuse et noble défense de Strasbourg et de Toul, eût été déshonoré s’il eût, par une telle défaillance, prouvé qu’il méritait l’injure que lui avait jetée à la face certaine grande dame, de n’être qu’une « agréable auberge. » L’armistice, il n’en fallait d’ailleurs pas douter, devait aboutir à quelque restauration monarchique à laquelle un semblant de légalité serait donné par l’assemblée nationale, élue dans de semblables conditions.

Les élections qui eurent lieu après la honteuse capitulation du 28 janvier ont bien prouvé la justesse de ces prévisions.

On vit alors cette chose étrange : ceux-là qui s’étaient le plus opposés à la guerre et que les feuilles soumises de l’empire traitaient alors d’alliés des Prussiens, furent dénoncés de nouveau comme vendus à l’ennemi et toujours par les mêmes feuilles immondes, parce