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pire, si braves et si entreprenants lorsqu’il s’agit d’opprimer et de massacrer les citoyens à l’intérieur, ne saurait résister victorieusement à l’envahisseur !

Ces rumeurs prirent un tel corps, que le citoyen F. Pyat, dans son journal le Combat, du 27, dut annoncer la fatale nouvelle à ses lecteurs. Il la tenait, disait-il, de source certaine, quoiqu’il ne pût nommer personne[1].

Continuant le système de mensonge que l’empire avait employé pour dissimuler ses revers, la Défense contredit formellement l’assertion du Combat, accusant son auteur d’être d’accord avec les Prussiens (toujours les mêmes procédés que l’empire) pour décourager la population. La note de l’Officiel ajoutait de plus qu’on avait d’abord pensé à déférer le traître à une cour martiale, mais qu’en somme il valait mieux le « livrer à l’indignation publique[2]. »

En d’autres termes, le gouvernement avouait qu’il lui était impossible de faire condamner Félix Pyat pour avoir publié une nouvelle dont on savait qu’il avait le moyen de faire la preuve, mais que « l’indignation publique » en pouvait faire justice.

C’était, on le voit, une belle et bonne incitation à l’assassinat.

Ce calcul abominable n’était que trop fondé.

Quelques heures après l’apparition de l’Officiel, une foule ameutée dès la veille par les journaux de police, se précipitait vers les bureaux du Combat et, sans la prudence habituelle de son rédacteur en chef, nul doute que celui-ci n’eût été mis en pièces.

Et, cependant, le gouvernement avait la dépêche dans les mains ! — Mais ce n’est pas la dernière fois que nous verrons M. Jules Favre se servir contre ses adversaires de la calomnie… voire de l’assassinat. La mort

  1. On sut le 31 que Félix Pyat la tenait de Flourens, qui l’avait lui-même apprise de Rochefort, alors membre de la Défense.
  2. Voir aux pièces justificatives, III.