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sition, sous prétexte de sauvegarder les droits des propriétaires et cela devant l’approche de l’ennemi qui allait occuper le territoire sur lequel ces denrées se trouvaient.

De plus, étant donnés les approvisionnements déjà faits, il eût fallu au moins les savoir conserver et en établir l’exacte quantité. Chose à peine croyable ! jamais à cet égard il ne fut dressé le moindre inventaire, et ni ministres ni gouvernement ne pensaient pas que Paris renfermât pour plus de deux mois de vivres (cela nous fut dit par M. J. Ferry le 18 septembre), alors que malgré le gaspillage effroyable qu’on en fit, la ville en ait eu pour plus de quatre !

Et pourtant, faute d’avoir su nommer des conservateurs, praticiens intelligents, nous pouvons affirmer — c’est aujourd’hui de notoriété publique — que des centaines de charretées de pommes de terre, de légumes de toutes sortes durent être jetées dans la Seine comme gâtés. Il en fut de même des salaisons, poissons, jambons et fromages dont des milliers de quintaux ne purent être consommés.

Mais, à côté de cette impéritie, quelle avalanche de circulaires ! Il nous souvient d’une entr’autres, signée du maire Et. Arago et dans laquelle ce digne magistrat s’extasiait jusqu’aux larmes sur le courage et l’intelligence que le peuple avait déployés dans l’extinction de l’incendie de barils de pétrole enfouis dans des silos, aux buttes Chaumont et éloignés de toute habitation !

C’eût été à se tordre de rire si ce n’avait été écœurant à force de sottise.

Les choses allèrent donc ainsi, se compliquant et devenant de plus en plus inquiétantes jusque vers octobre. Au bout d’un mois, il devint évident, pour tous ceux que n’aveuglaient pas les hommes de l’Hôtel-de-Ville, que Paris et la France couraient à leur perte et la République à sa honte.

C’est alors que se développa dans les réunions pu-