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sent contre ces procédés pour qu’on se décidât à les faire cesser… au risque de compromettre le trop célèbre plan.

La transformation des nombreux fusils à percussion, dont la garde nationale était armée, en fusils à tabatière, s’opéra si lentement, malgré qu’on eût plus d’ouvriers mécaniciens qu’il n’en était besoin, et que le travail fût facile et peu coûteux, que quelques milliers à peine de ces fusils étaient transformés à la fin du siège. — Quant aux chassepots, il en fut distribué le moins possible, encore qu’il y en eût en assez grande quantité en magasin dans divers dépôts à Paris.

Or, nous le répétons, un grand nombre d’ateliers de mécaniciens et de fondeurs, fermés par suite de la guerre, eussent pu être employés à ce travail. Le métal nécessaire ne manquait pas non plus, puisqu’à défaut de l’action gouvernementale, en novembre, des souscriptions ayant été ouvertes à cet effet, plus de 400 canons furent fondus et livrés, ainsi qu’un grand nombre de mitrailleuses, aux bataillons qui les avaient souscrits !

Mais on avait plus peur du peuple armé que des Prussiens. Là est la véritable explication de cette inconcevable incurie.

Nous devons encore ajouter, pour en finir avec les trahisons militaires dont Paris devait être la victime, qu’un système de petites sorties fut organisé par la Défense, afin de dégoûter l’armée et la garde mobile qui, supportant les douloureuses conséquences de ce système abominable, en vinrent à regarder la résistance comme impossible. — Cette conviction, entretenue avec soin par leurs chefs, finit par les exaspérer au plus haut point contre la garde nationale, qu’elles qualifièrent ironiquement du nom de guerre à outrance.

De son côté, le général en chef de la garde nationale, Tamisier, au lieu d’exciter l’enthousiasme de ses bataillons, passait son temps à créer des juridictions