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Que faisait cependant le gouvernement de la Défense ?

Convaincu, de par la déclaration de Trochu, ce général qui venait de trahir son patron et qu’on avait niaisement placé à la tête des affaires de la République avec Jules Favre, — convaincu, disons-nous, que la défense de Paris n’était qu’une folie ridicule (le mot fut dit en plein Conseil dès le 6 septembre), ce gouvernement s’apprêtait à jouer la sanglante comédie qui devait s’appeler le siège de Paris.

La conviction de cette impuissance, reflet de l’appréciation qu’il avait faite de sa propre incapacité, convenait trop du reste au tempérament de la presque totalité de ses membres, pour que ceux-ci tentassent de la combattre chez l’honnête général qui les présidait.

Aussi, loin de profiter des quinze jours qu’on avait devant soi[1] pour activer les travaux d’art commencés par le précédent ministère, et d’établir de fortes batteries sur les hauteurs environnant Paris, en avant des forts, afin d’élargir le plus possible le cercle des opérations de la défense et de rendre par là le blocus complet plus difficile, on se borna à établir de simples avancées devant toutes les portes des fortifications et à relier tant bien que mal les forts détachés.

La redoute commencée à Montretout fut abandonnée et les hauteurs de Montmorency et d’Argenteuil, protectrices naturelles de la vallée qui court de St-Denis à Pontoise, totalement dépourvues de toutes fortifications.

Tous les points culminants enfin qui dominent Paris, furent, sans excuse, livrés aux Prussiens qui purent s’en emparer facilement et y établir à l’aise les formidables batteries à l’aide desquelles ils foudroyèrent Paris et St-Denis quelques mois plus tard.

Nous disons que cela fut sans excuse parce que les

  1. La République avait été proclamée le 4 septembre, et l’investissement complet de Paris n’eut lieu que le 18 !