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pourra y avoir d’ordre véritable ni de paix durable, se fût accomplie sans secousse. L’échéance d’une guerre civile, qui dès lors paraissait inévitable, était absolument écartée.

La lâcheté et l’incapacité politique de nos gouvernants, jointes aux égoïstes intérêts d’officiers supérieurs de l’armée, qui se voyaient menacés dans les bénéfices et les priviléges de leur profession, ne le permirent pas.

Nos gouvernants, se renfermant dans leur confiance en eux-mêmes, et dans la prétendue responsabilité qu’ils déclaraient assumer sur eux seuls — comme si la France n’eût point dû payer le prix de leurs méfaits ! — nos gouvernants, reprenant les traditions de l’empire, ne répondirent que par un silencieux dédain aux propositions qui leur furent faites par des groupes quelconques de citoyens.

Il y a plus, le Provisoire alla même jusqu’à faire déclarer par les journaux à ses gages (les mêmes qui soutenaient autrefois l’empire) que le programme affiché par les soins du Comité central républicain n’était qu’un appel à la spoliation, voire même au pillage, et que les principaux signataires, orateurs des réunions publiques, étaient soldés par la police impériale. On eut même l’impudence de citer des chiffres[1].

Il va sans dire que, mis en demeure de prouver leur dire, les feuilles policières furent réduites au silence.

Les citoyens désignés sommèrent de plus les membres du gouvernement de publier les dossiers de police de tous les citoyens connus pour s’occuper de politique active ; cette sommation resta sans effet : il eût fallu publier le dossier de M. Jules Favre !

  1. Vitu, ex-rédacteur du Figaro, coutumier du fait, édita même une brochure en province sur ce sujet, et M. Jules Claretie, l’auteur de l’Histoire des derniers Montagnards, lui fit l’aumône d’une préface !